DOSSIER : Juillet 1995 à SREBRENICA
Le titre aurait pu être « Srebrenica pour les nuls » ou encore « Srebrenica : histoire d'un massacre contemporain », en réalité, le titre n'a pas d'importance, c'est le contenu qui compte. Ce contenu, je le souhaite satisfaisant pour moi et intéressant pour vous.
Je présenterai ici l'histoire du massacre de Srebrenica afin que, d'une part, personne n'oublie, mais aussi et surtout pour revenir sur une tragédie malheureusement peu connue, qui a eu lieu dans cette ville bosniaque, en juillet 1995.
II / Bref retour sur le contexte
La Bosnie-Herzégovine déclare son indépendance le 1er mars 1992. Le 6 avril de la même année, l'armée populaire yougoslave attaque ce nouveau pays, débutant ainsi la « Guerre de Bosnie-herzégovine ». Cette guerre entre les peuples Serbes, Bosniaques et Croates s'achèvera avec les accords de Dayton, le 14 décembre 1995.
La guerre en Bosnie est une conséquence de la dislocation de la Yougoslavie, elle-même liée à la chute des régimes communistes en Europe de l'Est en 1989. La renaissance des idées nationalistes en Yougoslavie a fragilisé le rôle central du Parti communiste. Les arrivées au pouvoir de Slobodan Milosevic en Serbie en 1987, et de Franjo Tudjman en Croatie en 1990, accentuent la crise. En juin 1991, la Slovénie déclare son indépendance, et la Croatie en fait de même. Après un rapide conflit en Slovénie, la JNA sous le commandement serbe, appuyée par les para-milices serbes, et les serbes de Krajina en Croatie, attaquent la Croatie.
La Bosnie ne voulant pas participer à cette guerre contre la Croatie, décide de déclarer sa souveraineté en octobre 1991. Mais la commission de Badinter précisa qu'elle ne reconnaitrait l'indépendance de la Bosnie, que si un referendum était organisé à cet effet en Bosnie .
Un referendum d'autodétermination est alors organisé le 29 février 1992. Il est boycotté par la plupart des Serbes qui constituent 32% de la population. Les Croates et les Musulmans votent, à savoir 68% de la population. Le résultat du référendum est de 99% des voix en faveur de la Bosnie indépendante.
Comme il a été prévu par la commission de Badinter, suite à ce referendum, la Communauté européenne reconnait la Bosnie en tant qu'État indépendant, le 6 avril 1992. Cette reconnaissance est suivie de celle des États-Unis. La Bosnie adhère ainsi le 22 mai 1992 à l'Organisation des Nations unies, avec la Croatie et la Slovénie.
La République serbe de Bosnie, l'entité des Serbes dirigée par Radovan Karadzic, déclare à son tour, mais sans aucune procédure constitutionnelle, son indépendance. Cette république ne sera jamais reconnue en tant que telle par la communauté internationale. Si, suite aux accords de Dayton, il existe dans les faits une république serbe de Bosnie, aucune personnalité morale n'a été reconnue à cette dernière.
III/ Juillet 2005 à Srebrenica
Srebrenica (en serbe cyrillique : Сребреница) est une ville et une municipalité de Bosnie-Herzégovine. Elles sont situées dans la République serbe de Bosnie. Au recensement de 1991, la ville comptait 5 746 habitants et la municipalité 36 666.
En 1995, les forces serbes lancèrent une offensive massive contre la ville, forçant les défenseurs à donner leur accord au plan surveillé de démilitarisation de l'ONU, faisant de Srebrenica une zone sûre. Peu près, six cent casques bleus néerlandais de la FORPRONU ont été déployés pour protéger les citadins.
Fin mai 1995, 400 casques bleus sont pris en otage par les forces bosno-serbes suite à un raid aérien de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN) contre un dépôt de munitions.
Le 4 juin 1995, le commandant français des forces militaires de l'ONU en ancienne Yougoslavie, le général Bernard Janvier, rencontre secrètement le général Ratko Mladić pour obtenir la libération des otages, dont plus de la moitié étaient français. Mladić a exigé de Janvier qu'il n'y ait plus de frappe aérienne. Cinq jours plus tard le représentant dans la région de l'ONU, Takashi Akashi, a déclaré que l'ONU « se conformerait strictement au principe de maintien de la paix ».
Le 7 juillet 1995, les forces serbes de Bosnie menées par le général Ratko Mladić prirent d'assaut la ville. Les Néerlandais de la FORPRONU demandèrent, en vain, une aide aérienne avant d'être pris en otages par les forces serbes. Orić avait quitté Srebrenica, laissant le commandement à ses lieutenants et incitant les médias à accuser les forces bosniaques de ne pas mettre en œuvre une défense adéquate.
Dans ce contexte, les habitants de Srebrenica tentèrent de prendre la fuite à travers les forêts alentours, poursuivis par les forces armées du général Mladic. Ces dernières utilisèrent des gaz (grenades paralysantes) afin d'arrêter les fuyards. Au fur et à mesure, épuisés, affamés, de plus en plus d'habitants de Srebrenica se rendirent aux forces armées...
Près de 1000 prisonniers seront entassés dans un hangar agricole de Kravica (région contrôlée par le général Mladic), des soldats ouvriront par la suite le feu sur eux, un des rescapé racontera qu'il s'est caché sous les cadavres pour éviter les balles. Plus tard, il ne se sera pas manifesté quand les soldats chercheront des survivants, évitant ainsi d'être fusillés devant la porte du hangar. Après le massacre, les soldats organiseront la dissimulation des corps à l'aide de bulldozers...
La ferme de Branjevo sera également un lieu de massacre (un des plus important). Le matin du dimanche 16 juillet 1995, des autobus amenèrent des prisonniers (retenus alors à l'école de Kula, à quelques kilomètres de la ferme), attendus par un commando « d'exécuteurs » du 10ème groupe de sabotage. Les prisonniers se mettaient alors en ligne, le commando les mettait en joue, tirait, puis d'autres prisonniers enjambaient la première rangée de cadavres et subissaient le même sort. Ainsi de suite, sur environ une centaine de mètres, le nombre de corps augmentait. Les 8 membres du commando (rejoint dans la journée par des volontaires) tueront plus de 1200 civils avant la tombée de la nuit, motivés par les 4 euros promis pour chaque prisonnier abattu. Comme à Kravica, des bulldozers pousseront les corps dans une fosse commune, dès le lendemain.
Au lieu de massacre : La maison de la culture de Pilica. Là, toujours le 16 juillet 1995, environ 500 personnes entassées dans le bâtiment seront également fusillées, les quelques survivants de la première salve, cachés sous la scène (la salle était à l'origine un théâtre) seront tués par des grenades. Le 17, les cadavres seront chargés dans des camions et emmenés dans la fosse commune de la ferme de Branjevo.
IV / Combien de victimes ?
Le nombre et l'identité des personnes tuées lors de la prise de la ville ont beaucoup varié au cours du temps. L'estimation la plus haute est sans doute celle du ministre allemand de la Défense, Scharping, qui parla, le premier, de génocide à ce sujet le 28 mars 1999, quatre jours après le début des bombardements de l'OTAN, affirmant que les Casques Bleus des Nations Unies « assistèrent à l'assassinat de 30 000 hommes à Srebrenica ». Par contre, le debriefing des 460 Casques Bleus hollandais, alors présents à Srebrenica (les Dutchbatters), révèle que les soldats auraient plutôt vu des centaines, peut-être un millier, de victimes.
Une liste de 8 106 personnes disparues a été établie par la Commission Fédérale des Personnes Disparues (en anglais : International Commission on Missing Persons), dont plus de 2 000 auraient été tuées par les soldats serbes autour de Srebrenica.
Le dernier chiffre donné par la croix-rouge est de 7 333 personnes portées disparues. Un porte-parole, Pierre Gaultier, a cependant précisé qu'il était « fort possible qu'il y ait, parmi ces noms, un grand nombre de noms comptés deux fois », certains disparus ayant pu se frayer un chemin à travers les lignes ennemies puis réintégrer l'armée bosno-musulmane.
Les recherches de corps auxquelles le TPIY a procédé jusqu'à la fin 2001 ont permis d'identifier 2 361 cadavres dans les environs de Srebrenica. Une partie des cadavres avait des bandeaux sur les yeux ou des empreintes de liens sur les poignets.
Au 11 juin 2008, 3213 personnes ont été identifiés et inhumés.
V/ Responsabilités
Le général serbe Ratko Mladić ainsi que le chef politique des Serbes de Bosnie Radovan Karadžić ont été accusés par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) de génocide, crimes contre l'humanité et violations des lois et coutumes de guerre.
Le 2 août 2001, Radislav Krstić, un général serbe de Bosnie qui a mené l'assaut sur Srebrenica aux côtés de Ratko Mladić, est condamné par le TPIY à 46 ans de prison pour génocide et autres crimes. L'accusation de génocide est rejetée en appel, mais le tribunal retient une charge de complicité de génocide et condamne Krstić à 35 ans de prison le 19 avril 2004. En décembre 2004, il est transféré au Royaume-Uni où il purge sa peine.
Le 22 juin 2004, le président de la République serbe de Bosnie (région autonome à forte majorité serbe de Bosnie-Herzégovine), Dragan Čavić, reconnait, à la télévision de la Republika Srpska, que les forces serbes ont tué plusieurs milliers de civils en violant le droit international. Il déclare que Srebrenica était un chapitre sombre dans l'histoire des Serbes. Le 10 novembre 2004, le gouvernement de la République serbe de Bosnie a présenté ses excuses pour le massacre de Srebrenica et s'est engagé à traduire en justice les coupables.
En mai 2007, L’ex-général Zdravko Tolimir, proche du général Ratko Mladić, a été arrêté près de la frontière entre la Serbie et la Republika Sprska. Le TPIY avait inculpé Zdravko Tolimir, en février 2005, de crimes contre l'humanité et de crime de guerre pour « le meurtre, l'expulsion et les traitements cruels » commis contre les populations musulmanes de Bosnie des enclaves de Srebrenica et de Zepa.
En juin 2007, une plainte a été déposée par le cabinet d'avocats Van Diepen & Van der Kroef, au nom des survivants et parents des victimes de Srebrenica, contre les Pays-Bas et les Nations Unies pour non-respect d'obligations contractuelles, «échec à prévenir un génocide» et «non-déclaration de crimes de guerre». Il est reproché aux 450 casques bleus néerlandais, positionnés à proximité de l'enclave et censés la protéger, de n'être pas intervenus face aux attaquants serbes (environ un millier), cela bien que la population ait cherché refuge auprès de leur base.
Le 21 juillet 2008, Radovan Karadžić est arrêté par les services secrets serbes à Belgrade. Le 15 février 2009, il est accusé par le Tribunal pénal international de deux génocides. Le premier étant les crimes commis en Bosnie-Herzégovine en 1992 et le second le massacre de Srebrenica en juillet 1995.
V / Pourquoi en parler aujourd'hui ?
Comme évoqué en préambule, ce dossier n'a aucune prétention si ce n'est celle de regrouper les informations concernant le dernier génocide commis en Europe, il y a seulement 13 ans. L'occasion de le publier vient du fait que, depuis le lundi 3 novembre 2009, a débuté le procès de Radovan Karadzic (accusé de génocide, crime de guerre, et crime contre l'humanité perpétués pendant la guerre de Bosnie). Ce dernier, alors qu'il avait boycotté le premier jour d'audience, a fini par se présenter au tribunal le mardi 4 novembre 2009, décidant d'assurer lui même sa défense.
La seconde motivation vient du fait que le deuxième principal accusé, Ratko Mladic est toujours en fuite à l'heure actuelle...
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